Le kenjutsu
Le travail des armes, et plus spécifiquement l’aïkiken, est un moyen pédagogique utilisé pour faciliter la compréhension des techniques à main nue de l’Aïkido. Parallèlement à l’aïkiken, il existe également une ancienne école de kenjutsu d’avantage pratiquée que d’autres écoles au sein de la Fédération Française d’Aïkido, Aïkibudo et Affinitaires : le kashima no tachi.
Le terme Ken signifie le “Sabre” et Jutsu “Technique” en japonais. Il s’agit donc de techniques de sabre, c’est à dire d’escrime japonaise. C’est un art martial ancien (Bujutsu) qui se concentre sur la maîtrise des sabres katana et wakisashi. Dans la culture japonaise, le katana était considéré comme l’âme du samouraï.
Le Kenjutsu a également une importance fondamentale dans la genèse de l’Aïkido où il est pratiqué par les aïkidokas sous la dénomination Aïkiken. Notons que le Kenjutsu se pratique sans protections contrairement au Kendo. La notion de vigilance est donc omniprésente dans cette pratique. On utilise le boken (littéralement sabre de bois) qui est une réplique en bois du katana (sabre japonais à lame courbe à un seul tranchant). L’utilisation de ce dernier rend l’entrainement beaucoup moins dangereux qu’avec un katana.
Un peu d’histoire du japon
Après la victoire de la dynastie Tokugawa en 1615, le Japon pacifié, la classe des samouraïs se trouva désœuvrée. Les écoles et académies d’arts martiaux, et également d’escrime, (ryu) prospérèrent alors dans tout le pays. Les techniques guerrières du passé (Bujutsu) devinrent des «voies» (Budo) qui soulignaient beaucoup plus l’importance de la maîtrise intérieure. Le travail du sabre devint une recherche de la perfection, de l’union de l’esprit et du geste. Chaque école avait ainsi ses techniques propres concernant la longueur du sabre, les positions, en passant par la manière de porter les coups. Aujourd’hui, la plupart de ces techniques se sont perdues.
L’aïkiken
Le Kenjusu a eu un rôle très important dans la genèse de la pratique à mains nues de l’Aïkijutsu et de certaines formes de Jujitsu. Il subsiste encore aujourd’hui de nombreuses similarités avec l’Aïkido. L’Aïkido englobe donc aujourd’hui la pratique d’une forme de Kenjutsu, appelé Aïkiken ou Ken de l’Aïkido.
Il ne s’agit pas ici d’une école d’escrime spécifique mais plutôt d’un travail pédagogique visant à faciliter l’enseignement et la compréhension de certaines techniques à mains nues de l’aïkido.
Son étude est communément considéré en Aïkido comme un outil pédagogique facilitant la compréhension de certaines techniques réalisées en Tachiwaza (techniques réalisées les deux partenaires étant debout). Il n’est donc pas vraiment considéré comme une pratique à part entière.
En effet, comme les techniques d’Aïkido prennent source dans le maniement des armes, ce travail permet de mieux comprendre la construction de techniques qui utilisent la main pour « couper ›› et les déplacements pour « ouvrir ou fermer » des angles en fonction de la position du partenaire.
Bref cela permet de comprendre que, techniquement, il faut étudier l’Aïkido comme une escrime sans arme,
La pratique du boken constitue donc un outil pédagogique intéressant en tant qu’elle permet d’étudier plus facilement des composantes essentielles de l’Aïkido :
– la distance de combat (MA-Al) ;
– le timing (DE AI) ;
– les lignes et les trajectoires d’attaque ;
– le positionnement ;
– le déplacement du corps (TAI-SABAKI) ;
– l’attitude (SHISEI) ;
– le centrage du corps : principe stratégique permettant d’être au centre du mouvement donnant ainsi une possibilité optimale de contrôle de votre adversaire.
Ces principes prennent une autre dimension dès que vous et votre partenaire êtes séparés par la distance des armes. Le niveau de danger est plus élevé, demandant d’avantage de concentration, d’attention, de présence et de respect.
Notons qu’à partir du 3ème dan, il est demandé une prestation au ken lors de l’examen (ken tai ken : pratique avec un sabre de bois pour chacun des deux partenaires) : Alors autant se former et s’entrainer !
Le Kashima no tachi
Les principales écoles de Kenjutsu répandues en France au sein des fédérations d’Aïkido sont :
- le Katori Shinto Ryu diffusé par Maître Floquet au sein de l’Aïkibudo.
- et depuis quelques temps se développe, au sein de la FFAAA, une pratique particulière dans l’aïkido qui est le Kenjutsu de l’école Kashima no tachi d’Inaba Minoru avec qui a travaillé Christian Tissier shihan.
Pour les curieux, Katori et Kashima sont deux déités qui ont chacune leur temple shinto et sont au centre des récits fondateurs de plusieurs styles martiaux anciens japonais. Ces écoles ont fortement influencé les formes modernes d’escrime au sabre.
Ce travail de ce type de Ken Jutsu est très dynamique. Il oblige à renforcer sa concentration (zanshin), l’instantanéité, la fulgurance, la détermination, la conscience du danger, la gestion de distances différentes (à distance de sabre ou à distance de 6 pas). De l’initiation aux entraînements plus avancés, la maîtrise du corps, le rythme, l’attitude, la coordination des mouvements et les déplacements dans l’espace sont enseignés tout au long de la progression des pratiquants.
Le Kenjutsu comme discipline traditionnelle ne possède pas de système de grades comparables à ceux de l’aïkido, reconnu par l’Etat ou la UFA. Les Kenjutsukas doivent trouver la justification dans leur pratique dans une recherche personnelle.
L’étude du kenjutsu de l’école Kashima no tachi repose sur un corpus d’une quarantaine de katas -Notons qu’au Japon, dans cette école, on travaille parallèlement le taijutsu (aïkido), le jujutsu, le kenjutsu (sabre), le battojutsu (couper en dégainant), le jojutsu (baton), le sojutsu (pique) et le naginatajutsu (lance), le kusarigama (faucille munie d’une chaîne au bout de laquelle est attachée un poids).